Rien n'arrive pour rien ou les cadeaux mal emballés.

Proverbe français

Rien n'arrive pour rien.

Voilà un proverbe que je cite souvent. Il arrive même que des amis me jettent un coup d’œil de connivence en l’utilisant comme si j’en étais l’autrice.

C’est en lisant le conte Zen de Lao Tseu, Le pauvre paysan et le cheval blanc que j’en ai saisi toute la profondeur. Ce paysan ne se fie pas aux jugements hâtifs de son voisin, il attend de voir ce que l’avenir lui réserve. Il attend la leçon. C’est en expérimentant cet adage plusieurs fois dans ma vie que j’en ai vérifié la véracité.

Mon mari avait commencé à faire des investissements en bourse et un jour, un montant substantiel a été déposé dans son compte. Il a appelé pour signaler cette transaction surprenante, mais personne ne semblait s’en formaliser. Il a fait le choix de l’investir en prévoyant remettre le montant dans son compte et garder les profits qu’il ferait. Malheureusement, l’action a chuté et c’est à ce moment-là que la banque a réclamé l’argent.

Entre-temps, nous avions vendu notre première maison et le profit réalisé a servi à rembourser la banque plutôt que de mise de fond sur une deuxième maison. De toute façon, il n’y avait rien qui nous convenait sur le marché et nous avons décidé d’habiter en logement en attendant.

Quelques mois plus tard, nous avons visité une maison de ville vendue directement par le contracteur. Nous avons eu un coup de cœur et à notre grande surprise, le prix était raisonnable. L’entrepreneur avait besoin de liquidité et il cherchait un acheteur pouvant entrer rapidement. Comme nous étions maintenant locataire, c’était plus facile pour nous.

Assis à la table d’un café pour y réfléchir avec mon mari, j’avais des papillons dans le ventre. Je ressentais fortement que c’était cette maison que nous devions acheter. Nous avons appelé le contracteur dès notre retour. Le lendemain, lors de la signature du contrat, nous avons appris qu’un couple avait appelé trente minutes après nous…

Pendant ces quelques mois, certaines actions avaient grimpé suffisamment pour avoir une mise de fond et la demande pour le prêt hypothécaire a été acceptée rapidement. Les étoiles étaient alignées. On aurait dit que cette maison nous attendait, ou l’inverse, et que la vie nous avait joué un tour pour nous faire patienter. Comme quoi, rien n'arrive pour rien.

On pourrait croire que nous avons perdu de l’argent en remboursant le montant investi dans les actions, mais avec le boom immobilier au début des années 2000, c’est le meilleur investissement que nous avons fait au niveau financier.

Aujourd’hui, lorsque les choses ne se déroulent pas comme je crois qu’elles le devraient, je me rappelle qu’il y a une raison et que la vie me réserve quelque chose de mieux. Je me dis que c’est peut-être un cadeau mal emballé.

Caro

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Pour aller un peu plus loin…

Le pauvre paysan chinois et le cheval blanc

Un pauvre paysan chinois travaillait dur, aidé dans les travaux des champs par son fils. Rassemblant toutes ses économies, il partit au marché acheter un cheval pour soulager leur labeur. C’est une superbe bête qui tire la charrette pour rentrer les récoltes, rapporter le bois, et bien d’autres taches encore. Ce qui satisfait les deux hommes.

Son voisin voyant cela se montra jaloux, et proposa au pauvre paysan d’acheter son cheval. Le paysan répondit : " Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne veux pas le vendre ".

Un jour, le cheval sauta au-dessus de la clôture et disparut.

Le voisin passant devant l’écurie vide dit au fermier : " C’était prévisible qu’on la volerait cette bête ! Pourquoi ne me l’avez-vous pas vendue ? Vous n’avez pas de chance ! ".

Le paysan se montra plus circonspect : " N’exagérons rien dit-il. Le cheval ne se trouve plus dans l’écurie, c’est un fait ! Tout le reste n’est qu’une question d’appréciation de votre part. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? ".

Le voisin se moquait du vieil homme. Il le considérait depuis longtemps comme un simple d’esprit. Le fermier n’est pas assez riche pour s’acheter un autre cheval, et continue de travailler dur avec son fils. Quinze jours plus tard, le cheval revint. Il n’avait pas été volé ; il s’était tout simplement mis au vert, et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade.

Le voisin du fermier vint lui rendre visite : " Vous aviez raison, ce n’était pas un vol. Vous avez de la chance ! "

" Je n’irais pas jusque-là " dit le paysan. "Je me contenterais de dire que mon cheval est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode ".

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