Le passé n'est pas un lieu de résidence
- lespetitsmotsdecar
- 30 juin 2024
- 4 min de lecture
Entendu dans une réunion

Le passé n'est pas un lieu de résidence, mais un lieu de référence. L'idée n'est pas de rester ou de nier le passé, mais d'apprendre de celui-ci.
J’ai écrit plusieurs textes sur l’importance de vivre le moment présent plutôt que de ruminer les ressentiments ou entretenir la nostalgie du passé. Je connais quelques personnes qui sont restées coincées dans leur passé et d’autres qui ont intériorisé les croyances véhiculées dans leur enfance.
Je pense à cette ancienne collègue qui était restée avec l’idée qu’elle était une enfant timide et refusait de parler devant un large auditoire d’adultes.
Cela me touchait parce que j’ai aussi été une enfant timide et inadéquate et je me suis sentie ridiculisée à l’école. Au fil des années, j’ai fait quelques essais et petit à petit, j’ai changé l’image que j’avais de moi. J’ai aussi dédramatisé le fait de me tromper. Le passé n’est pas un lieu de résidence… On peut changer notre façon de l’envisager.
Françoise Dolto, une psychanalyste qui a écrit Tout est langage, parle souvent de l’impact de ce qu’on dit et aussi de celui du non-dit sur le ressenti des enfants. Mais l’impact de la parole se fait aussi dans l’autre sens.
J’ai vu cela à quelques reprises comme enseignante. Je me souviens d’une élève de première année, de nature spontanée et joyeuse à l’extérieur de l’école, elle devenait triste et silencieuse en entrant dans ma classe. Elle ne voulait pas perdre de points pour avoir droit aux privilèges !
Un des privilèges qu’elle appréciait était de pouvoir passer la récré en classe avec une amie pour jouer. Alors qu’elle s’était amusée ferme et avait ri à gorge déployée avec son amie, elle a repris son masque impassible en prenant le rang. C’est alors que je lui ai dit que je préférais qu’elle perde quelques points à l’occasion que de la sentir malheureuse dans ma classe. Son comportement a changé du jour au lendemain. Je lui avais donné le droit d’être elle-même.
Cette bienveillance peut se vivre à l’âge adulte. Je me souviens du jour où quelqu’un de signifiant m’a dit en me regardant dans les yeux : « Tu es une personne précieuse. » J’avais vingt-quatre ans et je me suis mise à pleurer. Il avait touché quelque chose de profondément enfoui en moi. Il me donnait la permission et même le devoir de prendre soin de moi puisque j’étais une personne précieuse.
Prendre soin de moi, c’est aussi faire le ménage dans mon passé. Au fil de mon cheminement, j’ai fouillé dans mon histoire personnelle pour y trouver les ressentiments et les peurs qui continuaient d’empoisonner mon existence. J’y ai trouvé des schémas de comportement que j’avais développés pour me protéger.
C’est ainsi que le passé devient un lieu de référence. Prendre conscience des schémas que je répétais d’une relation à l’autre m’a aidé à m’en libérer.
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Le premier accord toltèque : Que votre parole soit impeccable
Chaque être humain est un magicien. Par notre parole, nous pouvons soit jeter un sort à quelqu'un, soit l'en libérer. Exemple : je vois un ami et lui fais part d'une opinion : “ Tiens ! La couleur de ton visage est celle des gens qui vont avoir le cancer. ” S'il écoute cette parole et s'il est d'accord avec, il aura un cancer dans moins d'un an. Telle est la puissance de la parole.
Au cours de notre domestication, nos parents et frères et sœurs ont émis des opinions sur nous, sans même y réfléchir. Nous avons cru ces opinions et vécu dans la peur qu'elles véhiculaient, comme de ne pas être assez bon en natation, en sport ou en écriture.
Quelqu'un exprime une opinion : “ Regarde cette fille comme elle est moche ! ”. La fille en question entend cela, croit qu'elle est laide et grandit avec l'idée qu'elle n'est pas belle. Peu importe qu'elle le soit ou non ; tant qu'elle est d'accord avec cette opinion, elle croira qu'elle est laide. Elle subit l'influence d'un sort.
Si elle réussit à capter notre attention, une parole peut pénétrer notre esprit et changer toute une croyance, en mieux ou en pire. Autre exemple : peut-être croyez-vous être stupide, et peut-être même le croyez-vous depuis toujours. Voilà un accord qui peut être vraiment vicieux et vous conduire à faire de nombreuses choses ne servant qu'à vous prouver votre stupidité. Vous effectuez quelque chose puis vous pensez : “ Si seulement j'étais intelligent..., mais je dois être stupide sinon je n'aurais jamais fait cela. ” Votre pensée s'agite dans tous les sens et vous pouvez passer des jours à être sous l'influence de cette croyance en votre propre stupidité.
Puis, un jour, quelqu'un capte votre attention et, par sa parole, vous fait découvrir que vous n'êtes pas stupide. Vous croyez cette personne et vous concluez un nouvel accord. Résultat : vous ne vous sentez plus stupide et vous n'agissez plus stupidement. Un sort est rompu, par la seule puissance de la parole.
Inversement, si vous croyez être stupide et que quelqu'un capte votre attention et vous dise : “ Oui, tu es vraiment la personne la plus stupide que j'aie jamais rencontrée ”, l'accord initial sera renforcé et deviendra encore plus puissant.
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