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Nul ne peut donner ce qu'il n'a

  • lespetitsmotsdecar
  • 24 déc. 2023
  • 5 min de lecture

Proverbe français


oiseau sur fond beige

On voudrait parfois que nos parents nous aient donné plus ou autrement. On se dit que notre vie aurait été différente. Mais nul ne peut donner ce qu'il n'a pas.


Comme plusieurs, j’ai eu à faire un deuil du parent que j’aurais voulu avoir et qui aurait répondu à tous mes besoins. Le livre de John Bradshaw, Le défi de l’amour m’a aidé à faire le mien.


Il m’a d’abord fallu reconnaître quels ont été mes manques, mes blessures, et comment je me suis dissociée de mes émotions pour échapper à la souffrance. J’ai écrit et j’ai partagé ma peine et ma colère avec quelqu’un de confiance pour la ressentir et m’en libérer.

J’ai identifié comment j’avais pu idéaliser certains aspects de mes parents et en déprécier d’autres. J’ai examiné les faits réels que je connaissais de la vie de mes parents pour avoir une image plus réaliste de qui ils étaient.


Puis, j’ai imaginé une rencontre entre mon enfant intérieur et mes parents alors qu’ils étaient enfants pour échanger sur mes blessures d’enfance. Je ne me sens pas particulièrement à l’aise avec les exercices de visualisation, mais je peux dire que ce processus m’a apporté une certaine paix.


Il m’a permis d’ajuster l’image que j’avais d’eux et de mieux comprendre ce qu’ils vivaient. J’ai pu pardonner les manques que j’ai ressentis comme enfant et accueillir le souvenir que j’ai d’eux avec amour.


J’ai fait cette démarche à la mi cinquantaine, mais c’était l’aboutissement d’un long processus. La première fois que j’ai entendu cette phrase : « On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas. », j’avais vingt-quatre ans.


Tout au long de ma vie, j’ai appris à me parenter. Je m’offre ou je vais chercher ce dont j’ai besoin. Parfois, je n’obtiens pas ce que je veux pour réaliser finalement que cela ne correspondait pas vraiment à mon besoin, mais à l’idée que je pouvais m’en faire.

Par exemple, je veux aller vivre à la campagne, mais derrière ce désir, il y a surtout mon besoin de liberté qui peut être comblé autrement. Quand j’arrive à identifier quel est mon besoin réel, c’est plus facile de trouver comment le combler.


J’ai lu des témoignages de personnes qui ont réussi à accueillir leurs parents tels qu’ils étaient, à leur offrir ce qu’ils auraient tant aimé recevoir de leur mère ou de leur père. Cela a contribué à réparer la relation. En étant plus ouverts, ils ont remarqué ce que leurs parents pouvaient déjà leur donner.


De la même façon que nul ne peut donner ce qu’il n’a pas, je ne peux offrir à l’autre ce que je ne possède pas. Mieux je me connais, mieux je peux combler mes besoins, mais aussi savoir comment je peux aider mon prochain à ma mesure, sans porter sa croix.


C’est ainsi que j’ai aussi eu à faire le deuil du parent que j’aurais aimé être ou de l’enfant idéal. Mais ceci pourrait être le sujet d’un autre texte !

Caro


Pour aller plus loin...


Alfie Kohn écrit dans son livre Aimer nos enfants inconditionnellement :

Parfois, je me suis consolé des erreurs que j’ai commises (et de celles que je commettrai) envers mes enfants en me disant qu’ils s’en sortiront bien, pour la simple raison que je les aime vraiment très fort. L’amour ne guérit-il pas toutes les blessures ? On n’a besoin que d’amour. L’amour, c’est le prétexte qui m’épargne de m’excuser pour ma colère de ce matin dans la cuisine…

 

Alice Miller, auteur de C’est pour ton bien, avait déjà fait cette remarque : “il est possible d’aimer un enfant “passionnément – mais pas de la façon dont il a besoin d’être aimé”.

Même si nous ne le faisons pas de manière intentionnelle, même s’il nous est difficile de le reconnaître, nous avons plus ou moins souvent recours au “parentage conditionnel” (expression de Alfie Kohn).

 

Par notre propre éducation et par la pression sociale, nous avons été conditionnés à penser l’amour comme conditionnel. Les enfants reçoivent de l’amour (et des “preuves d’amour” comme des récompenses, cadeaux, câlins, mots gentils…) à condition qu’ils se comportent comme les adultes le jugent nécessaire et approprié. Selon le “parentage conditionnel” (qui gouverne les schémas traditionnels parentaux), tous les comportements sont censés obéir à une loi unique, la loi du “renforcement”, tant dans la façon de démarrer et de cesser que dans la façon de s’intensifier ou de s’atténuer.


Par exemple : si un enfant partage avec un ami, c’est uniquement parce que ce comportement (le fait de partager) a entraîné des événements agréables dans le passé (récompense des parents) ou que l’inverse a entraîné des événements désagréables (punition, remontrance, partage obligé, confiscation…). Dans ce modèle, seules des forces extérieures déterminent les comportements et chaque individu peut être défini par l’ensemble de ses actes.


Ne tenir compte que des comportements a réduit notre compréhension des enfants et contraint notre relation avec eux. – Alfie Kohn

 

A l’opposé, le “parentage inconditionnel” n’est pas synonyme de négligence et de laisser-faire. Il ne s’agit pas d’ignorer les conflits, les crises, les oppositions.

Dans le parentage inconditionnel, on considère que les comportements sont l’expression d’émotions, de pensées, de besoins et d’intentions. En deux mots, ce qui compte, c’est l’enfant qui a réalisé l’action, pas l’action lui-même. – Alfie Kohn


Le fait de réussir de passer d’un “parentage conditionnel” à un “parentage inconditionnel” est un choix entre deux visions radicalement différentes de la nature humaine et de l’éducation :

Tableau de l'amour inconditionnel ou conditionnel

Mais pourquoi est-ce si difficile de passer de la parentalité conditionnelle à la parentalité inconditionnelle ? Je suis d’accord avec Alfie Kohn quand il écrit que les “outils” et conseils d’éducation bienveillantes auront peu de chance de prendre racine et d’avoir un impact si nous ne traitons pas d’abord des raisons qui nous poussent depuis longtemps (en tant que société et en tant qu’individus) à agir comme nous le faisons avec nos enfants.


Cela signifie que nous devons d’abord déterminer quelles sont les origines de ce type de parentage traditionnel et conditionnel. Si nous sautons cette étape, nous trouverons toujours des raisons de rejeter toute idée nouvelle, même si nous les essayons, nous aurons tendance à nous réfugier dans nos comportements familiers au premier incident de parcours. – Alfie Kohn


 4 raisons qui nous retiennent et nous empêchent de nous débarrasser des schémas traditionnels parentaux


1.Les exemples et la pression sociale

Moins nous sommes conscients de ce processus, plus il y a de chances que nous reproduisions ces schémas parentaux sans nous questionner sur leur sens. – Alfie Kohn


2.Nos croyances et les croyances collectives

Peu importe de savoir si les punitions marchent, si elles enseignent une quelconque leçon utile ou encore si elles sont un apport constructif aux valeurs ou aux comportements des enfants, beaucoup de parents continuent de les utiliser parce qu’ils voient les punitions comme un impératif moral. – Alfie Kohn  


3.Notre histoire et notre inconscient

Il ne sert à rien de discuter de ce qui nous retient d’être un meilleur parent si on ne réfléchit pas sur la manière dont l’éducation que nous avons reçue façonne notre architecture. – Alfie Kohn


4.Nos peurs (ce qui nous effraie)

Alfie Kohn liste 6 peurs principales et paralysantes qui nous empêchent d’être les parents bienveillants que nous voudrions être. 




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