On va toujours trop loin pour ceux qui vont nulle part.
- lespetitsmotsdecar
- 19 mai 2024
- 4 min de lecture
Pierre Falardeau

On va toujours trop loin pour ceux qui vont nulle part. Qui d'autres que Pierre Falardeau aurait pu dire une telle chose...On reste parfois trop longtemps dans notre coquille.
Dans la thèse de Marie-Claude Tremblay sur le thème de la pauvreté à travers la chanson québécoise, quatre formes de pauvreté y sont analysées : culturelle, socio-identitaire, économique et affective. En faire son identité, c’est peut-être aussi de rester attaché à cette pauvreté, ne pas trouver les moyens d’en sortir, ne pas oser changer par peur de l’inconnu. Comme l’a déjà dit le chanteur Bernard Adamus, « Quand on est pauvre dans la tête, on est pauvre partout. »
Un de mes proches m’a déjà écrit dans une carte d’anniversaire comment il m’appréciait et de ne surtout pas changer. J’étais dans une période charnière pendant laquelle ma vie s’est métamorphosée. Comme le dit Bouddha, « Il n’existe rien de constant, si ce n’est le changement. »
En changeant, je quittais mon rôle de sauveuse de la famille, ce qui obligeait les autres à se réorganiser. Ce qui a été à la fois insécurisant et salvateur pour nous tous.
Bien que j’aime la stabilité, j’accorde depuis longtemps beaucoup d’importance à mon cheminement personnel. Cela me permet d’évoluer petit à petit plutôt que de le faire après avoir frappé un mur en conduisant à l’aveugle.
On dit que le chemin est le voyage. Un peu comme sur le Chemin de Compostelle, j’emprunte les sentiers en lacets pour gravir les montagnes plutôt que de les escalader.
Un jour, une amie m’a partagé qu’elle n’avait pas envie de creuser comme je le faisais, qu’elle avait un peu peur de ce qu’elle y trouverait. C’est un choix que je respecte et cela ne l’a pas empêché d’avoir une belle vie.
En ce qui me concerne, j’ai toujours aimé les projets qui me stimulent et me permettent de me découvrir. Ils m’obligent aussi à sortir de ma zone de confort. Chaque fois que je réussis à me rendre à destination, j’acquiers plus de confiance pour emprunter un nouveau chemin.
Je suis toujours surprise quand j’entends quelqu’un envier une autre personne et se morfondre sur son propre sort comme si ce que l’autre possédait lui enlevait l’occasion d’acquérir la même chose ou de changer ses propres conditions de vie.
J’ai toujours pensé que si je voulais vraiment quelque chose et que j’étais prête à faire ce qu’il faut pour l’obtenir, j’y arriverais. Bon, je n’ai jamais voulu être astronaute…et je suis consciente qu’on ne part pas tous avec un jeu de carte avantageux dans la vie.
Cependant, j’en ai vu plusieurs s’en tirer honorablement avec les cartes qu’ils avaient reçues. L’inverse est vrai. Certains paraissent tout avoir pour faire une belle vie et semblent malheureux.
Il reste que pour certains, il est plus facile de chercher à discréditer ceux qui réussissent que de prendre le risque de faire le premier pas vers l’inconnu. On va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part.
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Il y beaucoup de bernard-l’ermite dans les flaques d’eau laissées par la marée, près de chez moi. Ce sont d’intéressantes petites créatures. Un bernard-l’ermite trouve un coquillage qui lui sied, le revêt et y vit. Après un certain temps, il grandit et le coquillage ne lui va plus, alors le bernard-l’ermite court au fond de la mer et trouve un autre coquillage où vivre. Il rampe hors du premier coquillage et va dans le nouveau qui répond à ses besoins. Cette scène se répète encore et encore, tout au long de sa vie.
Tirez une leçon des bernard-l’ermite.
Si une décision était bonne pour vous hier, cela ne veut pas dire qu’elle réponde à vos besoins aujourd’hui. Les gens grandissent. Les gens changent. Et parfois, nous devons lâcher prise sur nos abris sûrs, afin de grandir et de changer.
Vous accrochez-vous à quelque chose qui ne fonctionne plus seulement parce que c’est sûr et connu ? Ce pourrait être un mode de comportement – comme de vous sentir victimisé dans toutes vos relations ou vous épuiser à tenter de contrôler ce qui vous échappe.
Remerciez les leçons, les gens et les endroits du passé de tout ce qu’ils vous ont enseigné. Remerciez vos comportements de survie de vous avoir aidé à vous adapter. Se sentir à l’aise et en sécurité n’a rien de mauvais en soi – avoir des amis de toute une vie et une carrière satisfaisante. Mais ne vous laissez pas aller au confort au point de ne pas pouvoir lâcher prise et poursuivre votre route, le temps venu. Si les murs vous confinent et vous limitent trop, et que vous vous sentez coincé ou que vous vous ennuyez, il est peut-être temps de sortir et de trouver un nouveau coquillage. Il y en a un autre qui vous attend et qui vous ira mieux, mais vous ne pourrez y emménager avant de quitter celui-ci. p. 111
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