Sur le chemin de la vie, sois doux lorsque tu t'accompagnes.
- lespetitsmotsdecar
- 23 févr.
- 4 min de lecture
Regis Carlo

Sur le chemin de la vie, sois doux lorsque tu t'accompagnes. Le perfectionnisme, l’autosabotage et se taper sur la tête n’ont jamais aidé à progresser.
Il y a une quinzaine d’années, une collègue et moi étions allées à une activité de ski et glissade avec nos groupes d’élèves. Je m’étais chargée d’apporter les tapis pour glisser, mais je les ai oubliés parce que j’avais trop de choses à penser et à trop m’éparpiller, les tapis sont restés derrière la porte.
En arrivant au parc, j’ai passé une heure à tenter de me procurer des tapis à neige, sans succès. Ma collègue m’a fait remarquer que les élèves s’amusaient bien dans le parc et que ce n’était pas grave si j’avais oublié les tapis.
Je lui ai répondu que c’était grave, si je ne pouvais pas me fier à moi, sur qui pourrais-je compter ? Il faut aussi souligner que si ma collègue les avait oubliés, je lui en aurais voulu. Sa sollicitude m’a fait réfléchir. J’ai réalisé à quel point je pouvais être exigeante envers moi et envers les autres.
Je suis l’aînée de la famille et je me suis sentie reconnue quand je prenais les choses en charge. Je sentais que cela allégeait le fardeau de ma mère. Mais j’ai aussi développé une hyper responsabilité, de la suffisance et peut-être aussi du ressentiment.
Dans le livre, Que vous est-il arrivé ? Oprah Winfrey et Dr Bruce D. Perry expliquent que nous avons tous vécu des traumatismes, mais certains ont été mieux accompagnés que d’autres. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour aller chercher de l’aide.
Sur le chemin de mon rétablissement, j’ai découvert les bienfaits du regard bienveillant de l’autre. Sans tomber dans l’apitoiement ou la complaisance, j’ai trouvé qu’il est plus fructueux d’être doux avec soi-même. Le perfectionnisme, l’autosabotage et me taper sur la tête ne m’ont jamais aidée à progresser.
Je dis parfois à mes amis qu’ils n’ont pas besoin de se dévaloriser, les autres le font déjà si bien. Il y aura toujours des gens autour de nous pour nous rabaisser. Nous avons le devoir d’accepter la réalité telle qu’elle est sans toutefois dramatiser. Nous avons tous nos forces et nos fragilités.
J’ai entendu le Dalaï Lama parler de la compassion comme étant une des valeurs qu’il prônait avec le pardon, la tolérance, le contentement et l’autodiscipline. La compassion était quelque chose d’abstrait pour moi. Dans son livre Puissance de la compassion, il la décrit comme l’acceptation de l’autre en tant qu’être humain porteur de désir et capable d’amour.
Une façon de faire preuve de compassion envers moi est de laisser les émotions me traverser et accueillir leur message. C’est aussi me donner le droit à l’erreur plutôt que de me juger. C’est m’aimer avec mon côté ombre et mon côté lumière.
Les gens que j’accompagne me disent parfois qu’ils se sont sentis accueillis et écoutés sans jugement. J’ai d’abord dû appliquer cette manière d’être envers moi avant de me sentir disponible aux autres. Je peux maintenant leur rappeler : Sur le chemin de la vie, sois doux lorsque tu t’accompagnes.
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Il n'y a pas de niveaux d'évolution de la conscience. Nous sommes égaux ; le reste n'est que l'ego.
Le silence du matin, une infime lumière dans la pièce, la ville n'est pas réveillée. La lenteur du réveil, la douceur de l'instant, tout est un cocon.
Cultiver la sensibilité, la vulnérabilité, la douceur ; être humain.
La vie serait un peu comme la météo : critiquer les prévisions pluvieuses ne donnera pas de soleil.
J'aurais souhaité échapper à la souffrance de mon histoire et tout effacer. Mais, serais-je qui je suis maintenant ? Serais-je aussi sensible et aimant ?
La lenteur m'invite à me rencontrer, le silence à m'aimer.
Le moi du passé serait heureux pour celui que je suis là, maintenant.
Lorsque le blizzard de la haine souffle dehors, il est doux de vivre nos cœurs serrés les une contre les autres.
Je trouve refuge dans la nature. L'âme du monde y réside. C'est là que tout prend son sens, que le corps ralentit et que les cœurs s'ouvrent à la beauté simple. C'est le cocon de vie de nos sensibilités.
À oser vivre, j'apprends à m'aimer.
Sans sensibilité, pas de réciprocité. Sans réciprocité, pas d'amour.
La vie nous offre la chance d'apprendre à exister en prenant conscience de sa fragilité. Sans cette sensibilité, la vie peut se transformer en une autoroute express vers le vide en soi.
Il faut du courage pour guérir ses blessures d'enfance, de les regarder avec la douceur de nos yeux d'adultes, de les soigner patiemment.
Il y a un moment dans la vie dans lequel l'important est d'être au milieu de gens de cœur, où la compassion, la douceur, l'inspiration sont des guides.
La bienveillance, la douceur, la poésie et la sensibilité sont les plus belles formes de lucidité face à notre monde.
Je ne suis pas fragile, je suis humain. Je ne suis pas trop sensible, je ressens.
Faire la paix en soi, ce geste infime et intime, révolutionnaire et grandiose.
Un moment de compassion peut modifier une journée. L'ensemble de ces moments peut changer une vie.
Se culpabiliser ou comparer nos vies est vain ; je ne me construirais pas en me détruisant.
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