Traîner notre passé dans notre présent n’a aucun avenir.
- lespetitsmotsdecar
- 8 déc. 2024
- 4 min de lecture
Diane Gagnon

Traîner notre passé dans notre présent n'a aucun avenir. Cependant, il faut parfois prendre le temps de faire la paix avec notre passé pour mieux vivre dans notre présent.
Ma lecture de chevet du moment est un livre de Jean Monbourquette : À chacun sa mission. L’auteur accorde beaucoup d’importance aux transitions. Il est parfois nécessaire de faire la paix avec le passé, de fermer la boucle pour pouvoir passer à autre chose.
« Si on parvient à laisser aller ce qui de toute façon est bel et bien révolu, bref à mourir à ce qui est terminé, un phénomène inattendu se produira. Dans ce renoncement, on se remettra alors à revivre et à retrouver le goût de croître. D’où l’importance primordiale de faire ses deuils. » pp. 60-61
Plusieurs pertes jalonnent notre vie. Passer d’une période à l’autre de notre vie est déjà un deuil en soi. Un chagrin d’amour, un accident, une maladie grave, la séparation, la perte d’un travail, une faillite, un échec…
Comme tout le monde, j’ai eu à faire le deuil de plusieurs choses dans ma vie. Je me souviens avoir fait une crise à mes parents quand j’ai su que nous déménagions car j’allais perdre ma meilleure amie qui était comme une grande sœur pour moi. J’avais sept ans.
J’ai vécu quelques peines d’amour lors desquelles j’avais l’impression que je ne retrouverais jamais un autre homme que j’aimerais autant.
J’ai eu besoin de me faire accompagner pour accepter de ne pas être la mère et l’enseignante idéale, telle que je m’imaginais pouvoir le devenir quand je lisais des livres sur le sujet. Mettre de côté cette illusion m’a permis d’aller de l’avant et de donner le meilleur de moi-même à partir de qui j’étais vraiment. J’ai ainsi pu contribuer à l’épanouissement de mes élèves et des membres de ma famille.
Quand ma mère a fait une rechute après une rémission de deux ans, suite à un cancer du pancréas, j’ai compris que cette fois, elle ne s’en sortirait pas. J’ai repris contact avec ma psychologue pour qu’elle m’accompagne dans mon processus de deuil. Cela m’a aidée à être disponible émotionnellement pour vivre les derniers moments avec ma mère. J’ai fait la même chose, cinq ans plus tard quand mon père a eu besoin de moi.
Entre les deux, ma psychologue m’a aussi accompagnée lorsque ma fille a décidé de partir en appartement et que nous avons vendu la maison la même année. Cela me faisait beaucoup de pertes sur lesquelles je devais lâcher prise en même temps.
J’avais compris que pour être en mesure de renoncer à ce passé, je ne pouvais faire l’économie de passer par les étapes du deuil. Jean Monbourquette décrit sept étapes du deuil :
Le choc
Le déni
L’expression des émotions (l’anxiété, la tristesse, la colère, la culpabilité, la grande braille)
La prise en charge des tâches liées au deuil
La découverte du sens de sa perte
L’échange des pardons
L’entrée en possession de son héritage.
Pour lui, avoir recours aux rituels du lâcher-prise est une façon d’indiquer à l’inconscient ce qu’il doit faire pour se libérer d’un passé révolu.
Un jour, mon père nous a dit qu’il ne souhaitait pas qu’on souligne son départ. Mon mari lui a fait remarquer que le rite des funérailles n’est pas tant une cérémonie pour la personne qui décède, que pour les proches qui restent. Ces rituels nous évitent de traîner notre passé dans notre présent !
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont, dans leur livre Excusez-moi, je suis en deuil, expliquent le parcours que peut vivre une personne en deuil. Il s’agit toutefois de points de repères qui ne sont pas forcément linéaires ni absolus. Chaque deuil est unique.
LE CHOC ET LE DÉNI
À l’annonce du décès, la personne peut ressentir un sentiment d’irréalité et avoir l’impression de vivre un mauvais rêve. Les émotions peuvent être temporairement gelées.
L’EXPRESSION DES ÉMOTIONS
Le deuil est un tsunami émotionnel pouvant passer par la tristesse, la colère, la culpabilité, l’anxiété, la peur, la dépression, et parfois le sentiment de libération.
LES TÂCHES CONCRÈTES RELIÉES AU DEUIL
En plus des tâches administratives, il s’agit ici de dire au défunt tout ce qu’on n’a pas eu le temps de lui dire, de réaliser des promesses faites avant le décès ou encore de se départir, à son rythme, des objets lui ayant appartenu.
LA QUÊTE D’UN SENS
Une fois les émotions passées, il y a ici un espace pour regarder la mort avec un peu de recul. Quel bilan peut-on faire de cette épreuve? A-t-on découvert de nouvelles ressources en soi ?
L’ÉCHANGE DES PARDONS
Puisqu’il n’y a pas de relation parfaite, chaque relation humaine porte son lot de blessures. Il est parfois nécessaire de demander pardon au défunt et/ou de lui pardonner ses manquements ou simplement d’être décédé trop vite.
LE « LAISSER PARTIR »
Il peut être difficile de laisser partir le défunt. En posant un geste symbolique d’éloignement - comme par exemple celui de disposer des cendres lorsque celles-ci étaient gardées à la maison, on consent peu à peu à poursuivre sa vie sans l’autre.
L’HÉRITAGE SPIRITUEL
Il serait dommage de laisser partir une personne sans récupérer son héritage spirituel. Il s’agit ici de faire vivre en soi certaines qualités que l’on a admirées chez l’autre. Ainsi, on est en lien avec une présence, qui n’est pas extérieure, mais intérieure.
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