Être maître des choses qui dépendent de nous.
- lespetitsmotsdecar
- 29 oct. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 févr. 2024
Hermann Hess

Être maître de soi, c'est être maître des choses qui dépendent de nous a dit Siddhârta dans le livre du même nom de Hermann Hesse.
Je suis l’aînée de la famille et je me suis sentie reconnue lorsque je prenais soin de ma sœur et de mon frère. Je me souviens encore de la joie que j’ai éprouvée à donner le biberon à mon petit frère à sa sortie de l’hôpital, j’avais tout juste huit ans.
J’aimais me sentir une grande fille et me sentir digne de la confiance qu’on mettait en moi. J’étais hyper responsable, du moins des autres… À l’école, j’étais la plus jeune de la classe, j’étais distraite, lente et peu appliquée. Je me souviens de peu de choses de mon cours primaire en dehors de quelques anecdotes.
Mon père a travaillé à l’extérieur de la ville plusieurs années et j’ai parfois senti que je devais épauler ma mère. Une amie m’a déjà dit que lorsqu’elle venait chez moi, elle avait l’impression que j’étais la seule adulte de la famille. J’avais peut-être dix ans.
J'ai gardé ce rôle jusqu’à l’âge adulte. J’ai essayé d’aider ma sœur sans succès alors que ma vie frôlait la catastrophe. Quelques mois plus tard, j’ai entendu quelqu’un raconter son histoire, elle ressemblait à la mienne. J’ai compris que j’avais besoin qu’on ait besoin de moi.
L’année précédente, mon amoureux avait rencontré quelqu’un d’autre et je l’ai laissé partir puisqu’il n’avait plus besoin de moi. J’enseignais à de jeunes enfants qui dépendaient de moi et j’essayais d’aider ma famille, parfois à mes propres dépens.
Je venais de comprendre que toute l’énergie que je mettais à tenter de maîtriser ce qui se passait autour de moi était une façon de ne pas regarder ce qui se passait en moi. J’allais chercher cette reconnaissance à l’extérieur car j’étais incapable de reconnaître ma propre valeur.
Un jour, j’ai entendu Ginette Reno à l’émission de Denis Lévesque qui disait qu’on contrôle environ 2% des choses dans notre vie. Cela paraît peu, mais à partir du moment où je me suis concentrée sur ce que je pouvais changer chez moi, j’ai été occupée à plein temps.
Je peux contrôler ce que je dis, ce que je décide, ma gentillesse, ce que j’écoute, mes efforts, qui sont mes amis et ce que j’apprends de mes erreurs.
Au fil des ans, j’ai commencé à regarder ce qui était nuisible dans ma vie, à accepter mon côté ombre et mon côté soleil, puis à modifier mon attitude. J’ai compris que la seule personne que je peux changer, c’est moi ! C'est ce que veux dire Siddhârta quand il dit qu'être maître de soi, c'est être maître des choses qui dépendent de nous.
Au début, j’ai essayé de devenir une meilleure personne, mais j’étais déjà une bonne personne. Je devais seulement laisser tomber tous les masques que je portais pour me protéger. Plus je me rapproche de mon vrai moi, plus je vis en conformité avec mes valeurs et plus je rencontre des gens qui m’acceptent telle que je suis. Plus je vis simplement en acceptant les choses et les gens tels qu’ils sont, plus je vis dans la paix et la sérénité.
Je n’ai pas retrouvé l’émission que j’avais écoutée, mais une autre entrevue très intéressante de Ginette Reno par Denis Lévesque. https://www.youtube.com/watch?v=9KWELZdBvsk&t=18s
Pour aller un peu plus loin…
Cadre Situé en Inde à l'époque du Bouddha Gautama (soit vers le Ve siècle av. J.-C.), ce roman philosophique raconte le cheminement spirituel d'un personnage du nom de Siddhârta. Parcourant des chemins différents et parfois contradictoires, celui-ci parvient à la conclusion que la sagesse ne peut se transmettre de maître à élève comme la connaissance, mais qu'elle doit au contraire être trouvée par soi-même. Il finit par atteindre son objectif : « Quand le moi sous toutes ses formes sera vaincu et mort, quand toutes les passions et toutes les tentations qui viennent du cœur se seront tues, alors se produira le grand prodige, le réveil de l'Être intérieur et mystérieux qui vit en moi et qui ne sera plus moi ». Chez les brahmanes Siddhârta naît dans une famille aisée de brahmanes. Il est beau, intelligent, aimé de tous et il vit une enfance et une jeunesse heureuses. Tout le destine à emprunter le chemin de son père et à lui succéder. L'adolescent sent pourtant qu'il lui faut autre chose, que son être demande plus, et qu'il doit quitter ses parents, sa famille, ses amis, la vie qu'il mène, pour atteindre ce à quoi son âme aspire. Bientôt des shramanas passent près de son village. Siddhartha décide de les suivre et de quitter sa famille. Il n'hésite pas à se confronter à son père, totalement opposé à ce projet, et résiste à ses injonctions, tant et si bien que son père cède et l'autorise à partir. Il quitte alors le village en compagnie de son ami Govinda et des shramanas, pour embrasser une nouvelle vie. Avec les shramanas Le principe de vie du shramana consiste à se libérer de tout ce qui peut constituer une attache matérielle ou psychologique — qu'il s'agisse de biens, de souvenirs, de sentiments — et de faire le vide en soi pour parvenir à se détacher de la lourdeur de l'enveloppe charnelle. Vivant dans les bois sans chaussures ni vêtements, dormant au froid, marchant sous la pluie, le vent ou le soleil brûlant, passant de longues heures à méditer et des jours entiers à jeûner, Siddhârta et Govinda passent trois années dans l'ascèse, mettant leur corps à rude épreuve afin de réussir à l'oublier. Mais ils se rendent compte que chacune des douleurs qu'ils s'infligent les ramène vers la conscience de ce corps souffrant. Toutefois, Siddhârta et Govinda entendent parler de Gotama, ce grand homme qui a atteint l'illumination, et ils quittent bientôt les shramanas pour suivre ses enseignements.
Auprès de Gotama Quand il entend la doctrine de Gotama, Siddhârta est ébloui par sa sagesse. Mais contrairement à son ami Govinda qui souhaite intégrer le groupe des disciples de Gotama, Siddhârta décide de poursuivre son chemin car il refuse d'apprendre la sagesse d'un autre. Persuadé que l'illumination doit être une expérience vécue et pas un enseignement appris, il comprend qu'il doit trouver cette sagesse et cette illumination par et en lui-même. Il reprend donc son chemin, laissant son ami Govinda auprès de Gotama. Sous l'emprise du samsara Mais voilà que bientôt Siddhârta tombe amoureux de la belle courtisane Kamala, et qu'il met ses compétences (il sait lire) au service d'un riche marchand du nom de Kamaswami. Il connaît ainsi une période de plaisirs, mais retombe par là-même sous l'emprise du samsara, pris dans les filets de la vanité, de la cupidité, de l'agitation, des plaisirs et des désirs de la vie humaine. Pour l'amour de la belle Kamala, il s'enrichit, devient matérialiste, boit de l'alcool, et goûte aux plaisirs de l'existence, perdant de vue sa quête initiale. Pourtant, après quelques années de cette vie, le désir de la quête ressurgit chez Siddhârta, et avec ce désir, les valeurs qui lui étaient chères. Soucieux de reprendre le chemin vers l'illumination intérieure, il s'en va donc, laissant derrière lui sa situation, ses biens et Kamala — qui attend toutefois un enfant de lui.
Au bord du fleuve 1 Il se retrouve au bord du fleuve, endroit dans lequel il sera abattu par la prise de conscience de ses années de débauche et de plaisir mesquins. Ce sera alors pour lui, après un effondrement moral, le début d’une nouvelle vie. Nouvelle vie où il rencontrera le passeur Vasudeva qui acceptera de le garder auprès de lui. Siddhârta entame alors une vie paisible à ses côtés. Vasudeva lui apprend l'écoute et l'aide ainsi à entendre le monde autour de lui. Les deux se parlent peu pour se concentrer sur le silence ainsi que sur les histoires et les enseignements du fleuve. Siddhârta apprend que les vents, les nuages, les oiseaux, les insectes sont des maîtres à part entière, au même titre que les sages ayant atteint l'illumination. Mais voici qu'un jour, Kamala et son fils (qui porte le même nom que son père) arrivent par hasard au bord du fleuve. Kamala est mordue par un serpent et meurt. Siddhârta élève donc son fils avec Vasudeva, au bord du fleuve. Malgré l'amour que lui porte son père, le jeune homme souhaite, tout comme ce dernier l'avait fait, suivre son propre chemin. Un jour donc, le garçon s'enfuit. Siddhârta part à sa recherche, avant de finir par accepter sa décision, se souvenant que lui aussi, un jour, était allé à l'encontre du souhait de son père et avait suivi les shramanas. Cela lui rend sa sérénité.
Au bord du fleuve 2 Le temps passe. Vasudeva, qui n'a plus rien à montrer à son élève, le quitte, le laissant seul au bord du fleuve pour faire passer les voyageurs sur l'autre rive. Les gens rendent régulièrement visite à ce Siddhârta qui a trouvé la paix intérieure tant recherchée, la sagesse suprême. Et voici qu'un jour, Govinda, qui ne sait pas qu'il s'agit de son ami, vient le voir pour entendre sa parole. Siddhârta lui dit qu'il ne suit aucune doctrine, que le temps est illusoire et que, bien que le savoir puisse être enseigné, la sagesse ne peut être trouvée qu'à l'intérieur de l'individu. Il continue en expliquant que la souffrance est nécessaire pour apprendre et que les mots sont insignifiants. Il demande alors à Govinda de l'embrasser sur le front. Ce dernier éprouve une sagesse incroyable en l'embrassant et reconnaissant son ami, il se prosterne devant lui. Il a compris que Siddhârta a réalisé son objectif : atteindre l'éveil.
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