Il n'y a que deux façons de vivre sa vie...
- lespetitsmotsdecar
- 21 avr. 2024
- 4 min de lecture
Albert Einstein

Il n'y a que deux façons de vivre sa vie : l'une en faisant comme si rien n'était un miracle, l'autre en faisant comme si tout était un miracle.
J’ai clairement choisi la deuxième façon de vivre ma vie. Je dis parfois que j’ai vu trop de miracles dans ma vie pour ne pas croire en Dieu. Je connais des gens des deux écoles de pensée et il me serait bien difficile d’expliquer pourquoi quelqu’un croit aux miracles ou non.
Si je regarde autour de moi, il y a l’exemple de ces deux frères qui sont jumeaux non identiques et qui, malgré une éducation similaire, ont des tempéraments complètement différents.
Le premier a un esprit cartésien, il aime les mathématiques et est habile de ses mains. Il est plus matérialiste dans le sens qu’il ne croit que ce qu’il voit. Le second est passionné par la lecture et l’esprit humain. Sa bibliothèque est remplie de livres sur toutes les religions du monde et sur les sciences ésotériques. Deux façons différentes de vivre sa vie, mais chacun y trouve son compte.
Il y a d’autres exemples intéressants au cinéma. Mon mari et moi regardons un film tous les soirs. C’est un moment que nous aimons partager et nous affectionnons les films tirés de faits réels. C’est alors qu’il dit : « Ce soir, on r’garde une vraie vue. »
Au fil de ces soirées, nous avons visionné plusieurs films relatant la vie de gens qui ont vécu des guérisons inexpliquées. Je me plais à croire que ce sont des miracles, bien que sans doute, un jour on comprendra comment cela a pu se produire. Aujourd’hui, la plupart des gens s’entendent pour dire que la terre est ronde, mais cela n’était pas évident pour le commun des mortels au moyen-âge.
C’est une question de point de vue. Il y a quelques années, deux de mes élèves se disputaient au sujet de l’existence de Dieu. Le premier, qui fréquentait l’église tous les dimanches avec ses parents, disait que Dieu existait, alors que l’autre disait que non parce que son papa lui avait dit qu’il n’existait pas. À cinq ans, les enfants ont une pensée égocentrique et ne sont pas en mesure de remettre en question ce que disent leurs parents. Il y avait néanmoins un conflit difficile à dénouer.
J’ai tracé sur le sol un 6 entre eux. Je leur ai demandé quel chiffre ils voyaient. Un m’a répondu un 6 et l’autre un 9. Suite à quoi, je les ai fait changer de place, ils ont alors dû modifier leur réponse. Ce conflit cognitif leur a permis d’ouvrir une brèche pour leur permettre d’assouplir leur point de vue et d’accepter qu’une croyance peut être personnelle et modifiable.
Personnellement, j’ai toujours aimé comprendre les choses, mais je ne m’acharne plus. Et puis, même ce qu’on comprend peut être un miracle, comme l’éclosion d’une fleur ou un coucher de soleil.
Hubert Reeves, un astrophysicien québécois de grande renommée est décédé récemment. Dans les années 90, il a animé une série télévisée sur l’origine de la vie. Après avoir fait le tour des découvertes scientifiques sur l’évolution au fil des émissions, il explique lors du dernier épisode comment il reste un mystère que la science ne peut expliquer.
Comme il le dit : « Parler de science n’exclut pas la poésie. » Selon moi, cela n’exclut pas qu’il y a quelque chose de plus grand que moi. Pour vivre ma vie comme si tout était un miracle, il s’agit juste d’ouvrir l’œil et garder le cœur ouvert.
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Les talents de vulgarisateur de l'astrophysicien Hubert Reeves font l'unanimité. Grâce à eux, nous parvenons un peu mieux, aujourd'hui, à imaginer ce qu'a pu être le Big Bang et nous pouvons concevoir que nous sommes des poussières d'étoiles. Il reste que, dans les domaines de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, une compréhension claire n'est pas à la portée de tous.
Grand pédagogue, Reeves le sait bien. C'est la raison pour laquelle, dans L'Univers expliqué à mes petits-enfants, il reprend patiemment ses explications, en répondant aux questions d'une de ses petites-filles de 14 ans. «Notre Univers, reconnaît-il, reste encore profondément mystérieux...» Aussi, pour ne pas laisser ceux qui viendront après lui seuls devant cette énigme du Tout, Reeves livre ici une sorte de «testament spirituel» du scientifique.
Il explique ainsi comment on mesure la distance entre la Lune, le Soleil et nous, de quoi sont faites les étoiles et pourquoi nous en sommes des poussières, comment se déploie le mouvement des galaxies (avec l'exemple du pudding aux raisins), quel est l'âge de l'Univers et exemplifie avec brio le concept de «propriété émergente» (avec les cas de l'eau et de la langue). «En nous parlant de l'Univers, explique-t-il à sa petite-fille qui lui demande à quoi sert tout cela, la science nous parle de nous-mêmes. [...] Elle nous raconte notre propre histoire.»
Parce qu'il sait, aussi, que ses contemporains ont souvent tendance à confondre théories scientifiques et vérité, Reeves réserve à sa petite-fille une introduction à la méthode scientifique. Cette dernière, explique-t-il, consiste à «chercher dans la nature des réponses aux questions sur la nature». Quand la science trouve des réponses, elle ne dit pas «c'est ainsi», mais bien «c'est vraisemblablement ainsi» ou «il y a probablement du vrai là-dedans». C'est donc fort de cette leçon de prudence que Reeves avance que «le scénario du Big Bang reste, pour l'instant, dans ses grandes lignes, la meilleure narration du passé du cosmos».
Comme nous tous, la petite-fille du scientifique voudrait bien savoir pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Le grand-père, qui a passé l'âge de jouer au plus fin, lègue à sa descendance le sens de la modestie devant le mystère. «Je suis souvent tenté de penser, médite-t-il, que ces questions du projet de l'Univers sont hors de portée de notre compréhension. Elles échappent à l'activité de notre cerveau.» Pourtant, on le sait bien, ce dernier y revient sans cesse. Reeves a donc raison d'insister: parler de science n'exclut pas la poésie.



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