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L'esprit est entier et à lui seul il peut faire un paradis de l'enfer et un enfer du paradis.

  • lespetitsmotsdecar
  • 9 févr.
  • 6 min de lecture

John Milton


serpent

L'esprit est entier et à lui seul il peut faire un paradis de l'enfer ou un enfer du paradis. C'est une autre façon de dire qu'on peut voir la même situation avec un point de vue différent.


La première image qui me vient en tête en lisant cette citation est celle du serpent que j’associe à l’Ego. Il me suggère un programme alléchant à première vue, tout en risquant de me plonger dans une situation désastreuse.


Le serpent qui a convaincu Eve d’accéder à la connaissance et qui a transformé le jardin d’Eden paradisiaque en une vie de souffrance. Celui du petit prince lui promettant un voyage interstellaire au prix d’une petite piqûre…


Dans mon discours intérieur, c’est le petit diable, mon colocataire ou mon coloc pour les intimes. Il se tient sur une de mes épaules, cherchant à me convaincre du contraire de ce que me conseille mon petit ange, qui lui, se tient sur l’autre épaule.


Certaines personnes se morfondent dans l’apitoiement sur soi ou dans l’inquiétude pour le futur. Un genre de party pit (pitié), un cyclone  dans lequel ils se laissent happer. Parfois, notre monde intérieur est un lieu dangereux où il vaut mieux ne pas s’aventurer seul. Du moins au début, avant d’avoir fait un peu de ménage et appris à encadrer nos pensées.


L’esprit est entier et c’est à travers mon dialogue intérieur que je peux changer ma perception de ce que je vis et de ce qui se passe autour de moi. Il y a tout un monde entre l’enfer et le paradis. C’est en m’accueillant, sans tomber dans la complaisance, que je peux vivre sereinement au présent. Je peux apprendre du passé sans pour autant me culpabiliser et planifier le futur sans essayer de tout contrôler.


La citation de John Milton suggère que chaque individu a le pouvoir de changer son état d’esprit face à une situation. D’ailleurs, nous voyons parfois la même personne ou situation avec des yeux différents.


Dans le film, 20 h 17 rue Darling de Bernard Emond, l’ex-épouse du personnage principal souligne qu’avec lui, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Il lui répond que c’est pour cette raison qu’elle l’a marié. À quoi elle rétorque que c’est aussi le motif qui l’a poussée à divorcer ! La raison pour laquelle on tombe amoureux de quelqu’un est souvent celle pour laquelle on le quitte.


À la mi vingtaine, j’étais célibataire depuis un moment et j’aspirais à une vie de famille. J’avais prêté mon appartement à une amie qui était en couple depuis plusieurs années pour leur anniversaire de mariage. De mon côté, j’avais gardé ses deux garçons pour la fin de semaine. Tandis que je lui disais combien j’avais hâte de fonder ma famille, elle m’a fait remarquer qu’elle enviait parfois la liberté que j’avais de vivre dans un quartier in de Montréal et de pouvoir voyager à ma guise.


Son commentaire m’a aidée à percevoir ma situation différemment et de profiter du moment présent. Quelques années plus tard, j’avais fait le plein de liberté et de voyages et j’ai accueilli la stabilité d’une vie de famille avec gratitude. 


Depuis longtemps déjà, comme l’oiseau qui fait son nid à partir des brindilles qu’il trouve dans son milieu, j’ai développé la capacité de broder un petit coin de paradis dans ma vie à partir des matériaux que j’y trouve.

Caro



Pour aller un peu plus loin...



Nous sommes tous rapides à sortir les étiquettes. Non pas celles qui sortent de ton t-shirt. Je parle des étiquettes que nous attribuons aux gens, aux expériences, ou même aux choses. Bon, mauvais, agréable, désagréable, utile, inutile, ami et ennemi en sont quelques exemples. La majorité du temps, nous le faisons sans même en avoir conscience : notre subconscient, état psychique orchestré par nos expériences passées et les émotions cristallisées qui y sont attachées, se charge de réagir face à nos activités du quotidien. 


D’un côté, votre cerveau a cette incroyable capacité à associer des émotions à certaines expériences, personnes ou choses afin de vous protéger. Il s’agit d’un mécanisme de défense très utile qui vous permet de rester en sécurité, et ce, en restant dans l’automatisme. 


Voici un exemple. Plus jeune, vous étiez un enfant très créateur qui inventait des jeux et qui désirait les partager et y jouer avec les autres enfants. Malheureusement, les autres enfants ne voulaient pas y participer. Vous avez alors ressenti un lourd sentiment de rejet. Ouch. Votre cerveau enregistre le rejet associé à votre créativité ainsi qu’une perception négative de l’expérience (désagréable, sentiment de rejet). Plus tard, dans votre vie de jeune ou moins jeune adulte, vous faites constamment face à des rejets lors de vos poussées créatrices : vos idées de projets au travail sont ignorées, les autres n’écoutent pas ce que vous leur dites ou vous vous limitez vous-même dans votre processus créateur.


Tout cela pour vous dire que nous ne percevons jamais ce que les choses sont vraiment, et que le même évènement sera perçu différemment selon qui nous sommes, mais aussi selon comment notre subconscient nous gouverne. Une pluie est une déception pour un randonneur, mais une bénédiction pour un agriculteur en temps de sécheresse.


Vient alors la fameuse théorie du « Ah-Bon ». Comme bien des concepts de psychologie qui me sont fort utiles dans mon quotidien, c’est ma merveilleuse grand-mère qui me l’a enseigné. Bien que non fondé scientifiquement, je la considère comme terre-à-terre, accessible à tous et concrète. Comme toute stratégie en santé et mieux-être, elle se doit d’être simple. Pour la mettre en application, je vous invite simplement à énoncer cette phrase, intérieurement ou à haute voix, lorsque le prochain évènement perturbateur fera son apparition dans votre quotidien : « Ah-bon »!


Quoi? « That’s it ? », me direz-vous. Cette phrase représente plus que ce qu’elle en a l’air. Je vous explique. Lorsqu’un évènement qui trouble votre état d’âme s’invite dans votre moment présent, cet énoncé bénin ouvre plusieurs portes. Les voici.


  1. Le recentrage sur le moment présent.

    • Nous sommes souvent en réaction inconsciente lorsqu’il nous arrive un imprévu qui nous atteint. En revenant au moment présent, on remet la situation dans son contexte et on fait preuve d’objectivité.


  2. La relocalisation de votre attention sur l’événement comme tel et non l’émotion qui y est attachée.

    • Lorsqu’on réagit, c’est toujours en fonction d’une émotion. Notre réaction peut être posée et réfléchie ou nous pouvons laisser l’émotion prendre les commandes. Dans le dernier cas, ce n’est plus nous qui réagissons, mais bien l’émotion. Nous avons perdu le contrôle de nous-même. Se permettre de nous recentrer sur l’évènement nous détache de l’émotion qui y est liée (sans la réprimer) afin de se tourner en mode observation et ensuite solution : que se passe-t-il vraiment et quelle opportunité s’offre à moi ?


  3. Une pause dans le but d’initier une réflexion sur la cause de notre réaction

    • En se disant « Ah-Bon », on fait un pas en arrière et on initie une réflexion sur notre réaction face à la situation. C’est seulement en s’observant soi-même que l’on peut initier un travail impartial sur nos blessures et nos peurs qui peuvent parfois nous gouverner.


  4. Un réflexe qui deviendra de plus en plus naturel au cours de notre pratique.

    • Comme toutes les habitudes, ça prend de la pratique ! En l’appliquant fois après fois, vous vous surprendrez un jour à réagir de manière très calme face à une situation, sans même l’utilisation du « Ah-Bon ». Félicitations, vous maitrisez une nouvelle compétence!


  5. L’ouverture d’esprit quant aux opportunités cachées qu’offre la situation

    • Si vous croyez que la vie vous envoie des bombes, détrompez-vous ! Ce sont souvent ce que j’appelle des cadeaux mal emballés. Prenez le temps d’éplucher quelques couches de perception et vous vous rendrez compte que la vie vous met toujours sous le nez ce dont vous avez réellement besoin, pas ce dont vous avez envie. Plus vous combattez cette idéologie, plus la vie vous enverra des messages puissants. Alors, ce maudit trafic, quel cadeau cache-t-il ?


Alors, vous voyez ! Pas mal plus puissante qu’elle en l’air la petite ! Je vous mets au défi de l’essayer lors de la prochaine occasion (n’allez pas provoquer un drame, la vie en comporte déjà assez comme ça, ce ne seront pas les occasions qui manquent!).


La première fois où j’ai appliqué le « Ah-Bon », c’était lors de mon premier séjour en Lettonie, en janvier 2019. Je tentais de mettre en place un projet qui me tenait vraiment à cœur dans mon milieu de travail. Cependant, comme mon superviseur immédiat avait d’autres priorités à ce moment-là, je me butais constamment à son refus. Je me sentais bloqué et frustré. J’ai passé un bon moment à me demander pourquoi il ne me comprenait pas et j’étais persuadé que c’était moi qui avais raison et que mon projet était le meilleur au monde. Après quelques semaines à tenter de lui vendre ma salade, ma détermination a commencé à s’effriter : c’est alors que j’ai changé de tactique. Je me suis dit : « Ah-bon ». Dans le moment, je n’y voyais que du négatif et je rageais intérieurement contre mon supérieur. En me proposant « Ah-Bon », je ne me doutais nullement que j’initiais alors un long parcours de conscience de moi-même et de guérison intérieure. Je me rends compte aujourd’hui, que ce moment d’ouverture m’a permis de prendre conscience d’une blessure profonde que j’entretenais depuis mon enfance, celle de l’injustice. Trois ans plus tard, je peux dire que j’en ai fait du chemin sur la question et que tout cela n’aurait pas été possible sans un minimum d’introspection au départ. Ne sous-estimons pas la puissance à long terme et l’effet composé d’un petit geste. Après tout, on le fait pour nous, pas pour les autres ! Vous êtes la personne la plus importante de votre vie, agissez en conséquence, un « Ah-Bon » à la fois.




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