L'inquiétude ne chasse pas le chagrin du lendemain, elle prive aujourd'hui de sa force.
- lespetitsmotsdecar
- 17 nov. 2024
- 5 min de lecture
Corrie Ten Boom

L'inquiétude ne chasse pas le chagrin du lendemain, elle prive aujourd'hui de sa force. On aura beau passer une journée à s'inquiéter, le lendemain on se sentira aussi impuissant.
J’ai déjà écrit deux textes dans lesquels j’explique pourquoi je crois que l’inquiétude est inefficace pour calmer notre anxiété. Dans le premier, je la compare au fait de se bercer sur une chaise berçante. Dans le second, je présente le proverbe tibétain qui explique qu’il ne sert à rien de s’en faire pour un problème.
Il y a quelques mois, ma fille s’est trouvé un travail stimulant qui lui va comme un gant et lui permettra d’accéder à la stabilité financière. Après deux semaines, j’ai reçu un appel de sa part. Elle venait de faire des calculs et en fonction de ce qu’elle pensait recevoir comme salaire et la hausse exorbitante des loyers, elle disait qu’elle était condamnée à rester en colocation toute sa vie.
Après l’avoir écoutée, j’ai essayé de la ramener au moment présent et de lui rappeler qu’elle ne pouvait prévoir exactement de quoi serait fait l’avenir. Je lui ai suggéré d’attendre de recevoir sa paie et de rencontrer sa conseillère financière pour faire un budget réaliste.
Quelques mois plus tard, on lui a offert un appartement par une amie d’une amie. Ce n’était pas le bon moment pour elle, mais je suis sûre que d’autres occasions se présenteront au moment opportun. En attendant, elle peut se préparer sans se laisser gruger par l’inquiétude.
Parfois, on se sert de l’inquiétude pour déplacer notre attention de ce qu’on ne veut pas voir ou faire. Pendant qu’on s’inquiète face à nos problèmes ou face à ceux des autres, on n’a pas le temps et l’énergie de faire face à notre vide intérieur ou de changer certains de nos comportements. On aura beau gaspiller une journée à s’inquiéter, le lendemain on se sentira aussi impuissant.
Bien sûr, il est important de vivre son chagrin, de faire face à ses peurs et de planifier l’avenir. On peut faire cela sans se laisser envahir par ces petites phrases du genre : Que va-t-il arriver maintenant ? Et si ça ne marche pas ? Je ne serai jamais capable…
J’essaie d’accueillir la situation et de rester ouverte pour voir les portes qui vont s’ouvrir plutôt que de rester plantée devant celle qui risque de se fermer.
Le film Temple Grandin est la biographie d’une autiste de haut niveau ayant de gros problèmes relationnels et une rigidité comportementale. À la fin de ses études secondaires, son enseignant de sciences lui a dit : « Tu as un esprit très spécial. Penses-y comme à une porte, la porte va s’ouvrir sur un tout nouveau monde pour toi. »
Un des traits de l’autisme est une grande anxiété. Alors que Temple est à l’université, il y a une scène où elle a peur d’entrer dans un magasin parce que la porte coulissante lui rappelle une guillotine. Une cliente la rassure et l’aide à entrer et sortir du magasin. Elle affronte sa peur avec l’aide de cette femme et apprend que le mari de celle-ci a lu les articles de Temple Grandin. Cette rencontre sera déterminante pour la suite de ses études.
J’essaie de garder en tête que l’inquiétude ne chasse pas le chagrin du lendemain. Je préfère me rappeler qu’en général les choses finissent par s’arranger pour le mieux. Surtout, quand je me donne la chance de voir les différentes alternatives, les portes sur mon chemin. C’est souvent une attitude de gratitude qui me protège de l’inquiétude !
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Mon grand-père paternel, qui affichait un calme olympien devant les soucis du quotidien, répétait souvent à ma grand-mère qui s’inquiétait pour tout et pour rien : Ce sur quoi on se concentre, augmente.
Aujourd’hui, je réalise à quel point il avait raison !
Qu’est-ce que l’inquiétude sinon la concentration de l’esprit sur un problème ? Ou sur un éventuel problème ?
Or, on croit qu’à force de s’inquiéter, on finira bien par trouver une solution. C’est précisément le contraire, car ce sur quoi on se concentre, augmente.
Comment s’en sortir ?
Changez le mode de votre cerveau pour passer de « concentration » à « attention ».
Lorsque vous vous inquiétez, vous êtes en mode concentration. La concentration, c’est la fonction de votre cerveau qui procède par exclusion. Elle rétrécit votre vision et soustrait des options afin que votre esprit se focalise sur un point précis.
En rédigeant ce billet, par exemple, mon esprit est concentré sur l’écran de mon ordinateur. Pendant ce temps, ce qui est dans la pièce (sons, odeurs, objets, etc.) demeurera flou dans ma conscience. C’est la même chose quand on s’inquiète : le cerveau est focalisé sur le souci, le tracas ou le problème, excluant tout le reste.
Autrement dit, s’inquiéter c’est se concentrer sur ce que l’on ne veut pas !
Pis encore, non seulement ces ruminations ne font que faire tourner votre esprit autour du problème, mais une fois dans le piège, les émotions, la peur, l’angoisse, la colère, le chagrin, la honte s’en mêlent. Pendant ce temps, le problème (s’il existe) ne se résout pas et le souci ne disparaît pas.
Pour sortir de l’inquiétude, prêtez votre pleine attention à ce qui est.
L’attention est une autre faculté de l’esprit, mais elle est plus vaste, plus ouverte, plus réceptive que la concentration. L’attention englobe toutes les informations, les savoirs, les possibilités. Lorsque votre esprit est attentif, il est pleinement présent à tout ce qui est, à la fois dans votre monde intérieur et dans le monde qui vous entoure.
Alors que la concentration engendre la focalisation, l’attention cultive l’ouverture, la réceptivité, la lucidité, le discernement, la sagesse, la bienveillance. En transmutant notre concentration en attention, nous libérons l’esprit des émotions inconfortables. Ce faisant, il s’ouvre et devient plus réceptif, plus créatif.
Évidemment, c’est plus simple à dire qu’à faire, mais la méditation de pleine présence (aussi appelée de pleine conscience) peut nous y aider grandement.
En méditant, nous introduisons dans notre esprit les notions d’espace, de vastitude et de plénitude. Par la suite, deux choses sont possibles : soit on change notre réaction à la solution, soit on découvre une solution à notre problème. Le cas échéant, on passe à l’action avec sagesse et discernement.
La prochaine fois que vous vous surprendrez à vous inquiéter, prenez quelques profondes respirations par le nez, et de votre mieux, focalisez votre attention sur ce qui se passe autour de vous de beau et de bon. En d’autres mots, focalisez sur ce que vous désirez vraiment !
Que la vie vous soit douce,
Nicole Bordeleau
Suggestion de pratique méditative : Méditation de l’espace



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