Méditer, c'est envoyer mon hamster prendre une marche
- lespetitsmotsdecar
- 12 nov. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 nov. 2023
Caroline Ruel

Au départ, je voyais la méditation comme quelque chose de compliqué. Maintenant, mon intention est de reposer mon esprit et discipliner mes pensées. Méditer, c'est envoyer mon hamster prendre une marche.
Au début de mon cheminement personnel, la méditation me semblait quelque chose d’inatteignable. J’avais beau lire que la seule mauvaise méditation est celle qu’on ne fait pas, cela restait abstrait.
J’ai lu, il y a plusieurs années que nous produisons plus de 60 000 pensées par jour et que 95% d’entre elles sont les mêmes que la veille. Daniel Amen rapporte que 80% de celles-ci sont négatives puisque le cerveau a été programmé pour accorder plus d’importance au négatif comme facteur de protection. Cela m’a motivée à chercher une façon de mieux gérer mes pensées. C’est un apprentissage que j’ai fait un pas à la fois.
J’ai abordé la quarantaine au bord de l’épuisement à trop vouloir tout réussir en même temps, avec le sentiment de faire les choses de travers et une foule de pensées qui se bousculaient dans ma tête. Mon médecin m’a prescrit du repos et une psychothérapie.
C’est à ce moment que j’ai commencé à méditer pour me ramener au moment présent et discipliner mes pensées. Je ne me souviens pas où j’ai pris l’image du hamster, mais elle était efficace. Plus tard, le Dr Serge Marquis a sorti son livre, Pensouillard, le hamster, petit traité de décroissance personnelle.
Au début, le fait de visualiser mon hamster sortir de la cage pour aller prendre une marche m’a permis de me réapproprier l’espace dans ma tête, de me familiariser avec le concept du témoin silencieux d’Eckart Tolle. Voir mes pensées défiler comme si c’était celles d’une autre personne et les laisser passer plutôt que de m’y accrocher, inquiète de les oublier.
À la longue, j’ai pu utiliser la même technique pour me concentrer sur une occupation au lieu de papillonner. Si une idée ou une tâche à faire ultérieurement me préoccupe, il m’arrive de la noter, puis je reviens à mes moutons. Encore là, méditer, c'est envoyer mon hamster prendre une marche.
Quand les pensées m’assaillent, c’est un signe que j’ai besoin d’une méditation.
Parfois, dans le feu de l’action, le simple fait de respirer profondément me reconnecte à mon moment présent et calme mon hamster. Ce dernier est moins fébrile qu’avant. Je tente de le nourrir de pensées propices à mon bonheur et je laisse sa cage ouverte pour éviter qu’il tourne en rond.
Caro
Pour aller un peu plus loin…
Après des ventes formidables et un succès international, Pensouillard le hamster revient dans une édition condensée et illustrée par Gilles Rapaport. Ce best-seller rédigé par le Dr Serge Marquis invite tout le monde à faire la paix dans son esprit. Son contenu résume la méthode du médecin : remettre l’ego à sa place.
Connaissez-vous Pensouillard ? C’est un hamster imaginé par le Dr Serge Marquis pour illustrer à quel point l’ego peut générer des pensées inutiles, inefficaces et sans allure. Ce petit rongeur déchaîné saute dans sa roulette et court, court, court, sans jamais s’épuiser. Et si on montrait à Pensouillard que ça suffit ? « Le livre s’est vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, ça veut dire que ça correspond vraiment à un besoin de notre époque », commente le médecin, qui est heureux de voir que Pensouillard a été traduit en une dizaine de langues.
Le Dr Marquis note que les technologies contemporaines viennent exciter notre hamster rapidement, beaucoup plus qu’à l’époque où on n’avait pas cette technologie. « En une fraction de seconde, il y a un courriel qui apparaît, un texto qui sonne... et là, le hamster part. Qu’est-ce qu’il me veut ? Est-ce qu’il y a une urgence ? On reçoit les nouvelles 24 heures sur 24. »
« Il y a un principe neurologique tellement important par rapport au hamster : l’attention ne peut pas être à deux places en même temps. Si l’attention est accaparée par le hamster, c’est-à-dire par le mouvement perpétuel d’un paquet de pensées inutiles, qui ne conduisent nulle part et ne nous amènent pas vers des solutions à des problèmes, ni vers la créativité ou même de l’amour, elle n’est plus dans le moment présent », explique-t-il. « La pensée accaparée par le hamster n’est plus là non plus pour solutionner des problèmes, ni dans le vin qu’on peut savourer, ni dans l’écoute de l’enfant qui revient de l’école, ni dans toutes les choses importantes de notre vie. » Pensée Accaparée Le Dr Marquis fait remarquer à quel point notre pensée est préoccupée par notre image, notre succès personnel. « On a une fausse définition, à mon avis, de ce que c’est que de réussir, à notre époque. On a beaucoup associé réussir à des exploits, à être reconnu, à gagner des trophées, à notre image qui va être valorisée. Mais la véritable réussite, en ce qui me concerne, c’est le temps où j’aurai été présent aux personnes que j’aime, aux patients que je soigne, à l’écoute que j’aurai donnée aux amis, à la créativité que j’aurai eue. C’est ça qui est important. » Valorisation Quelles sont les gourmandises préférées du hamster ? « Être spécial, être unique, être différent, à travers ce qu’on va penser de nous. Le hamster cherche toujours une valorisation de son image, de sa valeur. Pourquoi ? Parce que l’ego humain est construit à travers le processus d’identification : on s’identifie aux vêtements qu’on porte, à la voiture qu’on conduit, aux idées qu’on a. À notre époque, le cerveau ne fait plus la différence entre la perception d’une menace à la survie et la perception d’une menace à notre ego, c’est-à-dire ce à quoi on s’est identifié. » En une fraction de seconde, c’est donc le réflexe de la lutte ou de la fuite qui prend le relais. « Il faut calmer le hamster, car il va générer des conflits qui vont durer toute la soirée, toute la semaine, ou même mener à des divorces. » Comment ralentir les ardeurs du hamster ? Pour ralentir la course incessante du hamster dans la roulette qu’il fait tourner dans notre mental, il faut d’abord en prendre conscience, dit le médecin, ce qui demande un certain entraînement.
« L’entraînement se fait parfois dans les choses les plus simples de la vie. Servez-vous de vos cinq sens – et ça, je ne suis pas le premier à le dire. Quand vous mangez, par exemple, essayez de découvrir où est votre attention. » « Est-ce qu’elle est sur le plat que vous avez mis deux heures à préparer, sur ce que vous avez dans la bouche, ou si elle est accaparée par la phrase que votre patron a prononcée le matin ? Si, pendant que vous mangez, votre attention est accaparée par cette phrase de votre patron, par votre collègue qui ne vous a pas dit bonjour, vous venez de découvrir le moyen de ramener votre attention dans le présent. »
Il faut s’entraîner à savoir où est son attention. Puis toujours la ramener là où elle peut être utile et efficace, ajoute-t-il. « Est-ce que je savoure vraiment ma vie ou pas ? Est-ce que je suis vraiment en train de trouver des solutions ou si je tourne toujours dans la roulette des idées qui ne m’amènent pas de solutions créatives et efficaces ? Le hamster est inutile. Il nous empêche d’être créatifs et de savourer pleinement notre existence. Et en plus, il génère un paquet de souffrances inutiles. » Regrets inutiles « Regretter des affaires du passé et ruminer ou être toujours dans le futur en train d’élaborer des scénarios catastrophes ou des pièces de théâtre tragiques fait qu’on n’est pas en train de savourer la vie ni en train de trouver des solutions pleines de sens, créatives, aux situations que je suis en train de vivre. Il y a des pensées utiles et il y a des pensées inutiles : c’est ça qu’on arrive à distinguer quand on s’entraîne. » Pensouillard le hamster Dr Serge Marquis, illustrations de Gilles Rapaport Éditions Caractère 128 pages. Le Dr Serge Marquis est spécialiste en santé communautaire et consultant dans le domaine de la santé mentale au travail. Il présente plus de 150 conférences par an au Québec et en France. L’édition originale de Pensouillard le hamster, publiée en 2011, a été traduite en dix langues. Il dirige sa propre entreprise de consultation : T.O.R.T.U.E. (Organisation pour Réduire les Tensions et l’Usure dans les Entreprises).
Un gros bravo ma chère Caro !