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Rien n'est plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée.

  • lespetitsmotsdecar
  • 10 nov. 2024
  • 5 min de lecture

Paul Claudel



Rapace sur une branche

Rien n'est plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée. Certains sont prêts à tout pour convaincre les autres qu'ils ont raison. J'ai appris que je peux être d'accord pour ne pas être d'accord avec une personne et garder de bons rapports avec elle.


Dernièrement, j’ai été secouée en apprenant aux nouvelles le scandale de l’école Bedford dans Côte-des-Neiges à Montréal. Quelques enseignants faisaient « régner un climat toxique de peur et d’intimidation au sein de l’établissement.» Par exemple, certains enseignants « ne reconnaissaient pas l’existence des troubles d’apprentissage et exerçaient une pression indue sur les jeunes en difficulté. »


J’ai enseigné dans ce milieu pendant toute ma carrière et je pense qu’il est important de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Ce que les gens semblent avoir retenu était le fait que les enseignants étaient de confession musulmane. Il est possible que leur culture les aient influencés, mais je crois qu’il faut faire preuve de discernement.


Suite à cette nouvelle, j’ai entendu deux personnes différentes affirmer que s’il n’y avait pas de religion, il n’y aurait plus de guerre. Je leur ai fait remarquer que la religion a longtemps été réprimée dans certains pays comme la Chine et la Corée du Nord parce qu’elle allait à l’encontre des idéaux du parti au pouvoir. Je ne pense pas que la dictature soit une avancée par rapport à la religion.


Selon mon point de vue, le problème n’est pas tant la religion que l’intransigeance sous toutes ses formes. Quand la défense d’une idéologie (qu’elle soit religieuse, politique, identitaire, prônant la protection des plus démunis, de la planète ou des animaux…) devient une obsession qui s’impose envers et contre tous, cela me fait davantage penser à une recherche de pouvoir qu’à un idéalisme visant à faire le bien.


Même une bonne idée à la base peut devenir mauvaise si elle n’est pas nuancée. Paul Valéry a écrit : « Ce sont les gens animés des meilleures intentions qui deviennent des monstres. »


Le très beau film Sur le Chemin de la liberté raconte l’histoire de trois fillettes Aborigènes qui se sont évadées du camp et ont marché 1600 km à travers le bush australien désertique pour retrouver leur famille. M. Neville s’acharnait à séparer les enfants métis de leur mère pour leur apprendre à devenir des employées de maison pour les colons et éventuellement les marier à des blancs. J’ai été frappée de constater à quel point il était convaincu de faire cela dans l’intérêt de ces enfants. Croire que l’on sait ce qui est bon pour les autres est assez courant.


Individuellement, notre ego a souvent besoin de convaincre les autres pour se rassurer qu’il a raison. Comme si le point de vue différent d’une autre personne invalidait notre croyance. Cela prend de l’humilité et un dégonflement de notre ego pour ne pas se sentir menacé par les idées des autres. Cela ne veut pas dire d’acquiescer à tout ce qui nous est présenté et se transformer en caméléon, mais être assez solide pour laisser les autres être et penser par eux-mêmes.


Il y a un proverbe tibétain qui dit : « Fais-toi du bien sans faire mal aux autres et fais du bien aux autres sans te faire du mal. » Je crois que c’est une approche plus nuancée pouvant nous guider dans nos relations avec les autres. Et, si on veut rêver, cela permettrait au monde de tourner plus rond. Bien entendu, je n’essaierai pas d’imposer cette idée !


Cependant, je peux l’appliquer du mieux que je le peux dans ma vie et inspirer d’autres personnes à faire de même. L’attrait plutôt que la réclame. C’est une idée parmi d’autres. Car rien n’est plus dangereux qu’une idée, quand on n’a qu’une idée !


Caro



Pour aller un peu plus loin...



Il m’est arrivé une chose assez incroyable la semaine dernière. J’assistais à une réunion d’un groupe de travail dont les membres sont issus de divers secteurs d’activités (avocat, médiateur, coach, responsable d’agence, philosophe, etc.). Rien d’anormal jusque-là. Ce qui nous réunissait à cette occasion (et comme tous les mois depuis quelques temps) était une réflexion sur l’éthique professionnelle (vaste programme…). Mais là n’est pas le sujet.

Ce que je partage avec vous cette semaine est l’illustration typique d’un sujet qui revient en filigrane tout au long de ce blog, à savoir que “nous ne voyons pas le monde tel qu’il est mais tel que nous sommes” (Merci Mr Kant 😉 )


La Vérité sur le monde

Lors de cette réunion, l’un des participants a jugé opportun de nous présenter sa vision du monde et comment ce monde fonctionnait “en Vérité”. Mise à part le contenu de cette vision pour le moins confus et à l’arrière-goût de théorie du complot, j’ai été interpellé par le caractère unique de la pensée de cette personne.


En effet, dès que l’un ou l’autre des participants tentaient de lui proposer une autre alternative, il redoublait d’effort pour imposer un peu plus son point de vue. Et si, au final, nous exprimions notre vision différente de la situation qu’il décrivait, nous devenions à ses yeux des aveugles manipulés par le système et plongés dans un sommeil que les “décideurs” ont généré.


Un grand moment !


Les risques de la pensée unique

La notion de Vérité est étroitement liée à celle des croyances, que j’ai déjà abordée par le passé dans ce blog. J’y reviens aujourd’hui car je pense être dans une phase “retour sur les fondamentaux des rapports humains”. Donc, après la règle d’or de la semaine dernière, voici un autre des fondamentaux des relations humaines : “Ce que je crois être vrai, ne l’est que du point de vue de ma fenêtre”


Ce qui me semble dommageable dans le fait de croire être détenteur de LA Vérité :

  • Une rigidification de notre personnalité, de nos réactions, de nos comportements

  • Une détérioration de nos relations personnelles, professionnelles, amoureuses, amicales, familiales, etc.

  • Une dépense d’énergie psychique considérable pour convaincre les autres

  • Passer à côté d’une quantité d’autres “vérités” toutes plus intéressantes les unes que les autres

  • Tomber dans une forme de sectarisme et subir toutes les conséquences inhérentes à ce type de mouvement


Bon vous aurez compris que celui qui dit détenir la Vérité sur le monde est au mieux un original un peu rigide sur ses positions et au pire un affreux gourou susceptible d’imposer sa Vérité selon des méthodes peu scrupuleuses.


Merci… mais non merci. Je passe mon tour.


Ah oui, j’oubliais pour finir. Je vous invite vivement à ne pas prendre le contenu de ce billet comme argent comptant; Il n’est, en effet… qu’un reflet de ma propre Vérité 😉



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