Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter.
- lespetitsmotsdecar
- 19 nov. 2023
- 5 min de lecture
Proverbe tibétain

Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter. Mais s'il n'en a pas, alors s'inquiéter ne change rien.
Je peux dire que la Prière de la Sérénité a changé ma façon d’aborder ma vie. Je l’ai lentement intégrée et aujourd’hui je l’applique de façon naturelle.
« Mon Dieu, donne-moi
La Sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer.
Le Courage de changer celles que je peux
Et la Sagesse d’en connaître la différence. »
Il reste que l’inquiétude est une bonne amie de l’anxiété, présente chez tous les êtres humains. C’est tout un défi de la gérer. Un certain stress est nécessaire pour réagir devant un danger ou avoir l’élan pour avancer, mais s’il n’est pas balancé par une hormone qui permet de redescendre le niveau de cortisol, on reste sur le qui-vive et cela devient du stress chronique. Sonia Lupien explique que le stress, c’est quand le mammouth est devant moi. L’anxiété, c’est quand le mammouth est dans ma tête.
Je me souviens d’un jour où je me baladais avec mon mari. Tout allait bien dans ma vie. Nous marchions sur le bord du fleuve, il faisait beau, nous étions de bonne humeur. Tout à coup, mon hamster est venu faire un tour, sans raison. Je me suis mis à penser aux problèmes d’une fille avec qui j’avais parlé au téléphone dans la matinée et à comment je pourrais lui donner des pistes de solutions. Je n’étais plus présente alors que je vivais un beau moment.
Dans le film « Un homme d’exception », le chercheur John Forbes Nash qui est schizophrène se sert de ses personnages comme soupape pour donner un sens à ses hallucinations. J’ai réalisé que je faisais un peu la même chose lorsque je sentais l’anxiété monter. Je cherchais une raison rationnelle pour expliquer ce malaise, pour m’enlever l’impression que je n’étais pas normale. Je me créais des problèmes au lieu de personnages. Cela m’a donné une nouvelle lunette pour aborder les problèmes comme des défis.
Sonia Lupien présente l’acronyme CINÉ (Contrôle, Imprévisibilité, Nouveauté, Ego) comme facteurs de stress. Après la lecture de son livre « Pour l’amour du Stress » j’ai mieux compris mon besoin parfois exagéré de tout contrôler, prévoir, m’informer et me protéger pour ne pas me faire prendre en faute. En cherchant à avoir prise sur certains des éléments d’un problème, je fais descendre mon niveau d’anxiété.
J’ai une amie qui a appris à affronter ses peurs grâce à une série de petites questions que sa psychologue lui posait. Cela ressemblait à : « Dans cette situation, quel est le pire qui puisse arriver ? Quelle est la probabilité que cela se réalise ?...»[5]
J’ai aussi besoin de me garder des plages pour me détendre. Chaque fois que je lis ce passage d’Eckart Tolle, mon niveau d’anxiété descend. « Ramenez votre vie au moment présent. Vos conditions de vie sont peut-être très problématiques, ce qui est le cas de la plupart des gens, mais essayez de voir si vous avez un problème en ce moment même. Pas demain, ni dans dix minutes, mais maintenant. Avez-vous un problème maintenant ? »
Parfois, ce qu’il y a à faire dans le moment présent est de chercher une solution à un problème, de poser des actions. Une fois que cela est fait, je lâche prise et je mets mon énergie ailleurs. Comme lorsque je mets une lettre à la poste, je laisse le soin au service postal de l’acheminer.
Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter. J’affronte mes problèmes plutôt que de les éviter et de les retourner dans ma tête, mais je n’en crée pas et j’essaie de ne pas porter ceux qui ne m’appartiennent pas.
Caro
Pour aller un peu plus loin…
Les recherches ont démontré que quatre (4) éléments revenaient constamment dans une situation qui déclenche les hormones de stress, ce que le Dr Lupien appelle le CINÉ, la recette du stress dans une situation donnée. Ce peut être un seul élément ou plusieurs à la fois.
Contrôle (manque) – Imprévisibilité – Nouveauté – Égo (menace)
Prenons l’exemple de Paul : suite à un départ précipité d’un collègue, ses tâches ont été redistribuées à l’équipe par le gestionnaire. Paul a hérité de deux tâches complètement nouvelles. Il n’est pas heureux de la situation et craint de ne pouvoir accomplir ces nouvelles tâches, ce qui lui vaudra des réprimandes. Bref, il est stressé ! Décortiquons la situation pour comprendre le CINÉ de Paul.
Contrôle
En fait, la perception d’un manque de contrôle sur une situation donnée. Ici, Paul n’a eu aucun mot à dire sur l’attribution des tâches.
Imprévisibilité
Le caractère soudain de ce qu’on a absolument pas vu venir : dans cette situation, c’est le départ du collègue et la redistribution de ces tâches.
Nouveauté
Paul devra accomplir de nouvelles tâches et trouver de nouvelles stratégies de gestion de son temps pour arriver à tout accomplir.
Égo
Situation qui menace notre égo, c’est-à-dire notre intégrité, notre personnalité, nos compétences, notre Moi. Paul craint que ses compétences ne soient remises en doute s’il n’arrive pas à tout accomplir et doute lui-même de ses capacités.
Voilà donc le CINÉ de Paul ! Qu’est-ce qu’on fait ?
Le truc ultra génial
Malheureusement, il n’y a pas de recette toute faite, d’étapes magiques permettant à Paul d’être moins stressé. Il peut toujours se précipiter en classe de méditation et faire des respirations, mais la situation sera encore là à son arrivée au bureau le lendemain.
Toutefois, la recommandation du Dr Lupien est la suivante: prenez un temps d’arrêt chaque jour et examinez vos stresseurs, votre CINÉ. Comment les vaincre un à un ? Paul trouvera lui-même les solutions à sa situation, en fonction de sa personnalité, ses compétences, sa relation avec son gestionnaire, la situation de l’entreprise, etc.
Il importe de se poser les questions suivantes :
Est-ce que j’ai du contrôle sur la situation ? Comment puis-je en avoir ?
Est-ce imprévisible comme situation ? Aurais-je pu la prévoir ? Comment la prévoir à l’avenir ?
Est-ce une situation nouvelle ? Quelles informations je peux aller chercher sur cette situation ? Où ?
Est-ce que cette situation pose une menace à mon égo ? Est-ce que ma personnalité, mes compétences, mes émotions sont attaquées ? Comment puis-je réduire cette menace ?
Voici quelques-unes des options possibles : Paul pourrait aller voir son gestionnaire pour discuter de l’attribution des tâches. Il lui verbaliserait que la situation le stresse mais qu’il est en mode solution. Une des tâches lui convient : il aimerait toutefois avoir de la formation et il en a vu une qui se tiendra prochainement. L’autre tâche ne lui convient pas du tout : peut-il faire un échange avec Nicole, qui a démontré de l’intérêt pour cette tâche ?
En accomplissant cette démarche, il retrouve l’impression d’un certain contrôle sur la situation. Il démontre ainsi sa compétence et efface les menaces à son ego. Avec la formation, cette tâche sera aussi moins nouvelle et menaçante. Il n’y a rien à faire pour l’imprévisibilité de la situation dans ce cas-ci, mais il a agi, diminuant ainsi son stress !
Déjà, en comprenant ce qui compose le CINÉ, il trouvera des solutions. Ceci l’aidera à retrouver une impression de contrôle, agissant immédiatement sur le CINÉ.
Tout ceci m’a fait penser à une scène de film. Dans ‘’Le prisonnier d’Azkaban’’, dans la série Harry Potter, le Dr Remus Lupin confronte ses élèves à un Épouvantard, qui est une créature qui prend la forme de la plus grande peur de son opposant. La façon de le vaincre est par le rire, en modifiant sa perception terrifiante en quelque chose d’amusant. Exit la peur ! La créature est encore vivante, mais elle n’est plus effrayante.
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